ZooM/M logical garden

ZOOM au Cabanon

ZooM/M logical garden

exposition du 19 septembre au 10 octobre 2013. Vernissage le 19 septembre à partir de 18h30

Libraire Le Cabanon

14 rue de cotte, 75012 Paris

 

Pour l’exposition ZooM/M au Cabanon, il prélève des clichés empruntés à trois séries ayant chacune fait l’objet d’expositions autonomes : les Bruits de fonds ; paysages (du) possible(s), Geografie del quotidiano. Cette série recomposée donne à voir le poids du détail dans la production de Massimiliano Marraffa : des « bêtes choses », paysages de banalités, jardin (zoo)logique, zoom ouvrant pourquoi pas, sur des macro-espaces (et puis non).

Les douze tirages de ZooM/M sont prélevés à trois séries photographiques de Massimiliano Marraffa ; ils composent une nouvelle série « pensive ». L’image pensive était le titre d’un essai de Jacques Rancière écrit dans les suites d’un séminaire au Jeu de Paume au milieu des années 2000, et repris dans Le spectateur émancipé : « la pensivité de l’image, c’est (…) ce rapport entre deux opérations qui met la forme trop pure ou l’événement trop chargé de réalité hors d’eux-mêmes ».

L’image pensive est marquée par une indétermination essentielle. Le prélèvement opéré ici introduit à une première forme d’indétermination : les photographies de Massimiliano Marraffa ne sont plus assignables à l’intention qui présidait à chacune des séries. La seconde indétermination concerne la référence de l’image à un objet déterminé. En tournant un peu les expressions de Rancière, nous pourrions parler de ressemblance désattribuée.

Le gros plan ou le zoom n’ont plus vraiment les propriétés qu’on leur attribue généralement depuis l’opposition travaillée par Benjamin : on ne voit ni plus clairement ce que l’on verrait « de toute façon », ni autre chose, comme s’il apparaissait dans cet inventaire de réalités banales des « structures complètement nouvelles de matière ».

Il reste simplement qu’avec le zoom, « au milieu de (c)es débris largement dispersés, nous faisons tranquillement d’aventureux voyages » (Benjamin). L’une des séries dont ces images sont extraites s’intitulait d’ailleurs « paysage du possible ». Et s’il est vrai que l’usinage d’une matière, la trace d’une cuisson ou les relief d’un repas où abondent les miettes et les débris forment des « jardins étranges », en gros plan, le zoom ici n’en continue pas moins à faire écran au double sens du terme : « L’écran est une surface de manifestation mais il est aussi une surface opaque qui empêche les identifications » (Rancière). A tout le moins, disons qu’il les retarde, « met en flottement les possibilités d’identification ».

Car il y a toujours dans les photographies de Massimiliano Marraffa des indices logés dans le grain de la matière ou la courbure d’un lavabo pour gâcher la possibilité de produire une « image trop graphique » – en dépit de la présence, par exemple, de poils de barbes qui flirtent avec le dessin -, mais par suite pour ramener à un objet ou à un action déterminée : manger, se raser.

Laurent Duclos

Testi in italiano  ZOOMM 

 

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